Imaginez que vous êtes dans une alcôve à demi éclairée de l’une des chambres du palais de Nabuchodonosor II. Babylone est brûlante sous le soleil de la fin du printemps, mais cependant, les événements qui se déroulent sous vos yeux vous glacent le sang. Un règne de 13 ans de courage inégalé, de victoires splendides et de conquêtes acharnées s’achève non pas par une dernière bataille glorieuse mais par un râle d’agonie.

 

Alexandre le Grand, entouré de ses plus fidèles généraux, rend son dernier souffle. Vous n’êtes pas sûr d’avoir bien entendu prononcer, à l’intérieur de ce cercle, dans un murmure rauque, “pour les plus forts”. Qu’est-ce que cela signifie ? Les larges épaules des généraux s’écartent un peu enfin et vous permettent de voir, semblable à un masque, le visage sans vie d’Alexandre. Son anneau, symbole de sa toute puissance est placé sur un petit coussin reposant sur sa poitrine. Vous vous inclinez pour rendre hommage à votre roi bien-aimé avec lequel vous avez combattu bras dessus bras dessous pendant les 10 dernières années : depuis Issos. Lorsque vous levez les yeux, luttant pour évacuer la boule qui étreint votre gorge, vous n’arrivez pas à croire ce que vous voyez. Certains généraux concentrent leurs regards sur l’anneau, des regards que vous avez déjà vus à plusieurs reprises certes, mais dans d’autres circonstances. Des regards avides, avides de pouvoir, se dévoilent. Vous vous crispez alors soudain, le regard furieux, et serrez les poings. Cela ne peut signifier qu’une seule chose : la guerre de succession est imminente…